From the opening section of Marcel Schwob’s Le Livre de Monelle:
Le désir même du nouveau n’est que l’appétence de l’âme qui souhaite se former.
Et les âmes rejettent les formes anciennes ainsi que les serpents leurs anciennes peaux.
Et les patients collecteurs d’anciennes peaux de serpent attristent les jeunes serpents parce qu’ils ont un pouvoir magique sur eux.
Car celui qui possède les anciennes peaux de serpent empêche les jeunes serpents de se transformer.
Voilà pourquoi les serpents dépouillent leur corps dans le conduit vert d’un fourré profond; et une fois l’an les jeunes se réunissent en cercle pour brûler les anciennes peaux.
Sois donc semblable aux saisons destructrices et formatrices.
Bâtis ta maison toi-même et brûle-la toi-même.
Ne jette pas de décombres derrière toi; que chacun se serve de ses propres ruines.
Ne construis point dans la nuit passée. Laisse tes bâtisses s’enfuir à la dérive.
Contemple de nouvelles bâtisses aux moindres élans de ton âme.
Pour tout désir nouveau fais des dieux nouveaux.
The very desire for the new is only the hunger of the soul seeking to form itself anew.
And souls throw off the old forms as serpents their old skins.
And the patient collectors of old serpent skins sadden the young serpents because they have a magical power over them.
For he who possesses the old skins prevents the young serpents from transforming themselves.
Here is why serpents shed their skins in the green trench of a deep thicket. And once a year the young gather in a circle to burn their old skins.
Be therefore like the seasons of destruction and formation.
Build your house yourself and burn it down yourself.
Do not throw debris behind you. Let each make use of his own ruins.
Do not build in the night that has passed. Let your buildings escape adrift.
Contemplate new buildings at the slightest impulses of your soul.
For every new desire create new gods.