Habitants délicats des forêts de nous-mêmes

By Jules Supervielle from Gravitations (I think – definitely somewhere in my Pléiade complete works but I lost my marker):

Rien qu’un cri différé qui perce sous le cœur
Et je réveille en moi des êtres endormis.
Un à un, comme dans un dortoir sans limites,
Tous, dans leurs sentiments d’âges antérieurs,
Frêles, mais décidés à me prêter main forte
Je vais, je viens, je les appelle et les exhorte,
Les hommes, les enfants, les vieillards et les femmes,
La foule entière et sans bigarrures de l’âme
Qui tire sa couleur de l’iris de nos yeux
Et n’a droit de regard qu’à travers nos pupilles.
Oh ! population de gens qui vont et viennent,
Habitants délicats des forêts de nous-mêmes,
Toujours à la merci du moindre coup de vent
Et toujours quand il est passé, se redressant.
Voilà que lentement nous nous mettons en marche,
Une arche d’hommes remontant aux patriarches
Et lorsque l’on nous voit on distingue un seul homme
Qui s’avance et fait face et répond pour les autres.
Se peut-il qu’il périsse alors que l’équipage
A survécu à tant de vents et de mirages?

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